Pierre-Antoine Mariano a fait partie des «vieilles tiges» du
Figaro. Journaliste économique, il a
gravi une à une les marches de la hiérarchie du grand journal dont il a été
l'un des rédacteurs en chef les plus solides durant des années. D'un caractère
égal et prudent, il a veillé sur la passerelle aux éditions de nuit. Il a connu
le plomb, les typos, ces derniers descendants de Gutenberg qui fabriquaient le
journal.
Délicat, mesuré, il a été un des rares rédac'chef que tous
les journalistes de la rédaction appelaient familièrement par son prénom.
Retraité, l'ancien éditorialiste a pris la plume pour écrire un roman, Le chêne et le citronnier, aux
rebondissements dramatiques et inattendus au travers d'une saga qui couvre le
20e siècle et ses séismes majeurs, des hécatombes de 14-18 aux
crises répétées de la Guerre froide et du déchirement de l'abandon de
l'Algérie.
L'histoire est ancrée entre deux hommes, un grand bourgeois
venu des brumes du Nord, Eugène, et José, né sous le soleil de la Méditerranée.
Le drame insupportable éclate dès la première page. Le grand-père Augusto
assassine sa fille en l'étouffant sous son oreiller, parce qu'elle était
enceinte de son patron. Intransigeance d'un honneur surgi du fonds des âges.
Nous sommes en 1856 dans l'île d'Ibiza.
Tout au long de cet ouvrage, l'auteur, très classique, a du
mal à retenir la truculence de son style rabelaisien. Etonnant raccourci de
cent années d'exil, d'aventures, de misère et de succès, Eugène et José seront
les témoins des turbulences en Europe centrale et au Moyen-Orient jusqu'à la
tragédie algérienne des pieds-noirs inguérissables de la lumière perdue.
Bien construit, ce roman inclut parfois sans citer ses
sources quelques citations connues, plaquées sur des conversations banales.
Bonne chance et bon vent à ce titre si joli Le
chêne et le citronnier.
Pierre Darcourt pour 24heuresinfo
Le chêne et le citronnier, Antoine-Pierre Mariano. Editions
Jacob-Duvernet, 365 p., 20 euros.