La déclaration du Président de la République du Tchad, Idriss Deby Itno, annonçant la mort du chef djihadiste Abou Zeid (Lire Le président tchadien Idriss Deby confirme la mort d'Abou Zeid) a été saluée par Ed
Royce, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des
représentants américaine. "Ce serait un rude revers pour l'ensemble des
jihadistes opérant dans la région qui s'attaquent aux diplomates américains et
aux salariés du pétrole", a-t-il déclaré.
Alors que le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian persiste à demander des preuves de la mort des deux chefs djihadistes, nous avons demandé son
analyse à Pierre Darcourt, habitué des théâtres d'opérations, qu'il a couverts en Asie, en Afrique, au Moyen Orient, comme
grand reporter.
Lire aussi sur le site d'El Watan:
"L'armée tchadienne décapite Aqmi au Sahel"
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Après l’annonce par le Tchad de la mort du chef djihadiste Abou Zeid, la
presse émet des réserves...
Pierre DARCOURT : — La presse
ne sait rien dans la circonstance et quand elle ne sait rien, elle spécule et
entretient le doute. Les experts autoproclamés qui, d’ailleurs, n’ont jamais
quitté leur bureau, spécialistes pontifiants que, jusqu’à une époque encore
récente, nous appelions «les brouteurs de moquette» ou «les
Tintins en Afrique», ont largement disserté sur cet évènement. En tous
cas, une chose est sûre, ils sont «secs».
Quels éléments vous permettent d’être aussi catégorique au sujet de la
mort du chef djihadiste Abou Zeid ?
— Le crédit que j’accorde à
l’annonce du Président tchadien qui n’aurait jamais pris le risque de véhiculer
un pareil bobard. Les deux chefs djihadistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar
ont été tués sur le terrain dans un combat au finish, face à face. Leurs camps
ont été détruits. Leurs corps identifiés par les officiers tchadiens qui
avaient conduit l’assaut. Belmokhtar était facile à reconnaître. Il lui manque
un œil et son visage est marqué par la longue cicatrice provoquée par l’éclat
de métal qui l’a éborgné. L’arme d’Abou Zeid, saisie sur son cadavre, a été
identifiée par les services algériens.
Ce qui est choquant dans cette
affaire, c’est que l’on mette en doute la parole d’un chef d’Etat en exercice
dont les soldats ont remporté ce succès, sont sur place, ont récupéré des documents,
des clés USB et des ordinateurs qui vont parler. Mais qui permettent déjà de
mesurer l’ampleur des réseaux de trafic d’armes, de drogue et de contrebande.
Et surtout, la découverte des liaisons et de nombreuses complicités dont
dispose Al Qaida dans des pays du Maghreb, au Moyen Orient et jusqu’au
Sénégal ; et la comptabilité secrète des mouvements de fonds, la liste des donateurs
qui aident les terroristes sous couvert d’aides sociales.
Que pensez-vous des forces tchadiennes engagées au Mali et de l’impact
causé par la mort des deux chefs djihadistes ?
— L’armée tchadienne est une armée
offensive, mobile, particulièrement apte au combat dans le désert. Formée de
soldats valeureux et endurants. On dit, dans « le caillou », qu’au
combat, ils peuvent tenir trois jours avec une datte et un verre de thé rouge.
La surprise et la stupéfaction
créées par l’annonce de la mort des deux chefs djihadistes Abou Zeid et Mokthar
Belmokhtar* ont eu un retentissement international. Un impact qui, faute de
confirmation par la France, depuis plusieurs jours ne cesse de s’amplifier.
Les Tchadiens ont défait l’armée
libyenne et tenu en échec le Soudan. C’est la première fois qu’elle intervient
hors de ses frontières. Au terme d’une bataille de plusieurs jours, dirigée par
un Président qui maîtrise l’art de la guerre, elle vient d’abattre les deux
chefs terroristes les plus marquants. Elle a forcé l’admiration des Africains
qui ont souligné «l’intrépidité» des soldats tchadiens dans les
Ifoghas.
Propos recueillis par Alix Prat pour 24heuresinfo
* La mort de Belmokhtar a été annoncée par l'état-major tchadien.
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• Libération: Médias contre soldats, un duel de guerre lasse
• Europe 1 : Abou Zeid mort ? C'est "probable"
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