09 mars 2013

Mali : Abou Zeid, un doute inconvenant


La déclaration du Président de la République du Tchad, Idriss Deby Itno, annonçant la mort du chef djihadiste Abou Zeid (Lire Le président tchadien Idriss Deby confirme la mort d'Abou Zeid) a été saluée par Ed Royce, président de la commission des Affaires étrangères de la Chambre des représentants américaine. "Ce serait un rude revers pour l'ensemble des jihadistes opérant dans la région qui s'attaquent aux diplomates américains et aux salariés du pétrole", a-t-il déclaré.
Alors que le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian persiste à demander des preuves de la mort des deux chefs djihadistes, nous avons demandé son analyse à Pierre Darcourt, habitué des théâtres d'opérations, qu'il a couverts en Asie, en Afrique, au Moyen Orient, comme grand reporter.
Lire aussi sur le site d'El Watan:
"L'armée tchadienne décapite Aqmi au Sahel"

Après l’annonce par le Tchad de la mort du chef djihadiste Abou Zeid, la presse émet des réserves...
Pierre DARCOURT : — La presse ne sait rien dans la circonstance et quand elle ne sait rien, elle spécule et entretient le doute. Les experts autoproclamés qui, d’ailleurs, n’ont jamais quitté leur bureau, spécialistes pontifiants que, jusqu’à une époque encore récente, nous appelions «les brouteurs de moquette» ou «les Tintins en Afrique», ont largement disserté sur cet évènement. En tous cas, une chose est sûre, ils sont «secs».

Quels éléments vous permettent d’être aussi catégorique au sujet de la mort du chef djihadiste Abou Zeid ?
­— Le crédit que j’accorde à l’annonce du Président tchadien qui n’aurait jamais pris le risque de véhiculer un pareil bobard. Les deux chefs djihadistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar ont été tués sur le terrain dans un combat au finish, face à face. Leurs camps ont été détruits. Leurs corps identifiés par les officiers tchadiens qui avaient conduit l’assaut. Belmokhtar était facile à reconnaître. Il lui manque un œil et son visage est marqué par la longue cicatrice provoquée par l’éclat de métal qui l’a éborgné. L’arme d’Abou Zeid, saisie sur son cadavre, a été identifiée par les services algériens.


Ce qui est choquant dans cette affaire, c’est que l’on mette en doute la parole d’un chef d’Etat en exercice dont les soldats ont remporté ce succès, sont sur place, ont récupéré des documents, des clés USB et des ordinateurs qui vont parler. Mais qui permettent déjà de mesurer l’ampleur des réseaux de trafic d’armes, de drogue et de contrebande. Et surtout, la découverte des liaisons et de nombreuses complicités dont dispose Al Qaida dans des pays du Maghreb, au Moyen Orient et jusqu’au Sénégal ; et la comptabilité secrète des mouvements de fonds, la liste des donateurs qui aident les terroristes sous couvert d’aides sociales.

Que pensez-vous des forces tchadiennes engagées au Mali et de l’impact causé par la mort des deux chefs djihadistes ?
— L’armée tchadienne est une armée offensive, mobile, particulièrement apte au combat dans le désert. Formée de soldats valeureux et endurants. On dit, dans « le caillou », qu’au combat, ils peuvent tenir trois jours avec une datte et un verre de thé rouge.
La surprise et la stupéfaction créées par l’annonce de la mort des deux chefs djihadistes Abou Zeid et Mokthar Belmokhtar* ont eu un retentissement international. Un impact qui, faute de confirmation par la France, depuis plusieurs jours ne cesse de s’amplifier.
Les Tchadiens ont défait l’armée libyenne et tenu en échec le Soudan. C’est la première fois qu’elle intervient hors de ses frontières. Au terme d’une bataille de plusieurs jours, dirigée par un Président qui maîtrise l’art de la guerre, elle vient d’abattre les deux chefs terroristes les plus marquants. Elle a forcé l’admiration des Africains qui ont souligné «l’intrépidité» des soldats tchadiens dans les Ifoghas.
Propos recueillis par Alix Prat pour 24heuresinfo

* La mort de Belmokhtar a été annoncée par l'état-major tchadien.

A lire aussi les articles de :
• Libération: Médias contre soldats, un duel de guerre lasse
 Europe 1 : Abou Zeid mort ? C'est "probable"

La France peut-elle ignorer la mort d'Abou Zeid ?


Alors que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian réclame des preuves de la mort des deux chefs djihadistes, le site officiel de la Présidence de la République du Tchad a publié une mise au point de la mort des deux chefs djihadistes. Le chef d'Etat-major des armées français, l'amiral Guillaud déclarait le 4 mars "le chef jihadiste Abou Zaid est probablement mort".
Voici l'intégralité de l'article Guerre au Mali : Abou Zaïd et Bel Moukhtar sont mortspublié le 5 mars, avec une photo. Cet article vient après la confirmation de la mort des deux chefs djihadistes par le chef de l'Etat, Idriss Deby.

La photo prise par un militaire tchadien
"Dans la nuit du samedi au dimanche 3 mars 2013, des violents combats ont opposé les forces armées tchadiennes aux islamistes sévissant au nord Mali. La colonne des Forces armées tchadiennes en intervention au Mali (FATIM) partie d’Aguelhok fait jonction à Tessalit avec l’autre colonne. Dirigée par le Général Oumar Bikimo, les forces armées tchadiennes lancent l’assaut à ce qui semble être le dernier bastion des narcoterroristes dans la vallée de Tegharghar au cœur du massif des Iforas, un terrain vaste, hostile et complexe. Il aura fallu 10 heures d’accrochages intenses pour contraindre, à la débandade, les terroristes qui, dans leur fuite ont tout miné. «C’est une guerre d’un genre nouveau» a expliqué le Commandant des forces armées tchadiennes en intervention au Mali. Les terroristes préfèrent se donner la mort que de se rendre. Ils ont tous des explosifs. Mais c’est sans compter avec l’intrépidité et la stratégie des soldats tchadiens qui ont fini par abattre plusieurs de leurs chefs dont les plus célèbres, Abou Zaid et Moukhtar Belmoukhtar.
Plusieurs extrémistes ont été faits prisonniers, leurs pièces d’identités attestent de leurs nationalités diverses. Les véhicules récupérés sont une centaine dont un orgue de Staline et un Caterpillar.
Le Président de la République Idriss Deby Itno a confirmé hier dans une interview après l’inauguration de la station électrique de Lamadji, la mort des deux chefs terroristes Abou Zaid et Belmoukhtar. « Ils ont été tués par les forces tchadiennes. Je l’ai dit et je le confirme », a précisé le Président Idriss Deby Itno qui a ajouté que si les corps de ces deux criminels ne sont pas montrés c’est par respect à la religion musulmane. L’information relative à la mort deux chefs narcoterroristes avait été confirmée partiellement par le chef d'état-major des armées françaises, Edouard Guillaud. Il déclarait le 4 mars dernier au soir du plus chaud des combats au nord-est du Mali que ‘’Français et Tchadiens sont en train de "casser les reins" d'Aqmi et où le chef jihadiste Abou Zaid est probablement mort’’.
A ce moment précis, les informations se filtraient avec parcimonie mais ceux qui étaient sur le terrain savaient que l’armée tchadienne maîtrisait la situation et les groupes islamistes jouaient leur dernier tango macabre au nord Mali. Et la mort de Abou Zaïd et Belmoukhtar ne souffre d’aucune contestation même si certains, tel Saint-Thomas, voulaient voir avant de croire. Mais comme l’a dit le chef de l’Etat Idriss Deby Itno même s’il est ignominieux, mort, un être humain mérite une certaine considération. C’est l’islam qui enseigne cela. Quoi de plus normal que de respecter ce principe élémentaire."
Lire l'article sur le site officiel de la Présidence de la République du Tchad

08 mars 2013

Mali : "On ne partait pas pour un dîner de gala"

Le président tchadien Idriss Deby avait réaffirmé lundi qu’Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar avaient été tués dans des combats dans le nord du Mali, assurant que les corps n’avaient pas été exposés par respect «des principes de l’islam», dans un discours retransmis à la télévision tchadienne. «C'est par respect des principes de l'islam que les dépouilles de ces deux terroristes n'ont pu être exposées. C'est sur cette base que je peux répondre au ministre français de la Défense qui souhaiterait avoir des preuves».

Interrogé jeudi soir sur TF1 alors qu'il était en visite dans le Nord du Mali, le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a persisté dans son refus de confirmer la mort des deux chefs djihadistes. On peut regretter que le journaliste de TF1 n'ai pas pensé à rappeler au ministre que le chef de l'Etat tchadien, le Président de la République Idriss Deby Itno, avait lui même confirmé les deux morts.
Les forces françaises au Mali © EMA

Interrogé par l’AFP, le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki, a écarté toute idée de tension avec la France au sujet de la mort annoncée par le président Déby des chefs islamistes : «Il n’y a pas de tension (...) Laissons le temps. Nous comprenons. C’est un théâtre (d’opérations), il y a des otages, et notre objectif est de tout faire pour les libérer sains et saufs. Ce sont des questions militaires, je ne veux pas commenter.» 

Le Tchad qui a déployé 2000 hommes sur le terrain a déjà perdu 27 soldats au cours d'accrochages dans le massif des Ifoghas au Nord-Mali.

 "Nous sommes dans une situation où il faut agir pour contenir le péril là où il est. Sinon, il y a le risque qu'il se propage. Nous savions qu'on ne partait pas pour un dîner de gala", a-t-il commenté.


Le ministre tchadien a une nouvelle fois regretté la lenteur à se déployer des pays de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest) : "Le retard dans la mise en mouvement des forces de la Cédeao est certes regrettable (...) De par notre expérience de ce genre de terrain et surtout de ce genre d'ennemis, il faut agir vite sinon il risque de poser plus de problèmes".



Coup d'œil sur le ministère de la Défense au féminin


Un intéressant diaporama à voir sur le site de la Défense :
Le ministère de la Défense offre une grande variété de carrières et de missions aux femmes civiles et militaires qui rejoignent ses rangs.


"L’armée française est la plus féminisée de tous les pays occidentaux.", explique Françoise Gaudin, haut fonctionnaire à l’égalité des droits pour le ministère de la Défense. Elle revient sur la place des femmes au sein des armées et du ministère dans une interview intéressante. L'effectif féminin militaire était de 33 348 soit 15,07 %, au 1er octobre 2012 (source DRH-MD). Elles constituent 6,7 % de l’effectif militaire en opérations extérieures et représentent 13,25 % des officiers,  16,69 % des sous-officiers, 13,57 % des militaires du rang, 28,11 % des volontaires.


• Retour sur la Journée de la femme
1917
A New York, les femmes manifestent pour obtenir l'égalité des droits avec les hommes.
1921
Vladimir Ilitch Oulianov dit Lénine décrète le 8 mars "Journée des femmes".
1957
À New York, le 8 mars devient  Journée des femmes.
1977
Les Nations Unies officialisent la Journée internationale des droits de la femme
1982
La France observe pour la première fois la journée internationale des femmes.

07 mars 2013

Le ministre français de la Défense est au Nord-Mali

A lire sur le site du Point : Le Drian en visite-surprise au Mali (dépêche AFP).
L'article mentionne notamment que "François Hollande a fait état mercredi de la mort de "chefs terroristes", une information confirmée par Laurent Fabius : "Nous savons qu'il y a pas mal de chefs parmi les plusieurs centaines de terroristes qui ont été tués dans toute cette opération", a dit le ministre des Affaires étrangères. Il a ajouté ne pas être encore en mesure de confirmer que parmi ces chefs figuraient les chefs djihadistes Mokhtar Belmokhtar et Abou Zeid, dont la mort a été annoncée par les autorités tchadiennes (NDLR : leurs morts ont été annoncées par le chef de l'Etat tchadien, le Président Idriss Deby Itno). "Pour l'identité des deux ou trois chefs qui ont été cités, il faut faire des vérifications précises avec l'ADN, et c'est ce que les services de l'armée sont en train de faire, a dit Laurent Fabius. Normalement, ça devrait être assez rapide."
Le 92e RI dans le centre ville de Gao. © EMA

06 mars 2013

L'information en temps de guerre

Mis à jour 6 mars 2013, 18:14
L’information en temps de guerre est un sujet délicat. Pour appréhender la complexité du journalisme de terrain, lire sur le blog Pensées sur la planète, l'article La guerre d'un seul côté du journaliste Pierre Bayle, qui rapporte les témoignages de deux correspondants de  guerre Patricia Allémonière (TF1) et Jean-Pierre Perrin (Libération), lors d'un débat organisé par le quotidien Libération.

Mali: Gao, opération Serval © EMA/Ecpad


Lire aussi :
• Le reportage du 6 mars 2013 de Didier François sur Europe 1

Voir aussi sur You Tube
• Mali : 1200 km entre Bamako et Gao pour le 92 RI
http://www.youtube.com/watch?v=Wf1t_oKRKd0


Wilfried Pingaud, 37 ans, brigadier-chef du 68e régiment d'artillerie d'Afrique de La Valbonne (Ain), a été tué mercredi matin alors qu'il participait à une opération dans l'Est du Mali, à 100 kilomètres de Gao, lors d'un accrochage avec des groupes terroristes locaux près de Tin Keraten, une localité située à l'est du pays, dans le cadre des opérations de sécurisation menées par les forces maliennes, africaines et françaises autour de Gao. Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major des armées, a précisé que Wilfried Pingaud était mort «peu avant midi, des suites de ses blessures» et que «quatre soldats maliens ont été blessés» dans l'opération.
Depuis le début du conflit, la France a perdu 4 soldats et le Tchad, 27 soldats.

Mali : la base arrière de l'opération Serval

A découvrir sur le site de la Défense, le diaporama de la base arrière du soutien de l’opération SERVAL à Bamako. Projetée à plus de 4000 km de la métropole, la force Serval nécessite un soutien logistique important. Celui-ci s’organise en grande partie autour de l’aéroport international de Bamako. Chaque jour des avions y atterrissent, chargés de munitions, de vivres et de matériel divers qui permettent à la force de remplir sa mission.© Dicod
Source EMA
© JJ Chatard/EMA/Dicod
La base logistique de l'opération Serval sur l'aéroport de
Bamako au Mali © CC1 JJ Chatard/Dicod

05 mars 2013

Le président tchadien confirme la mort des deux chefs djihadistes

Le Président tchadien Idriss Deby a confirmé lundi la mort des deux chefs djihadistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar. "Deux des chefs terroristes Abou Zeïd et Mokhtar Belmokhtar qui écument le Nord Mali ont trouvé la mort lors des affrontements qui ont eu lieu le 22 février et 2 mars dans le massif Adrar au Nord Mali, entre les forces armées tchadiennes et les islamistes", a déclaré Idriss Deby, lors de l'inauguration d'une centrale électrique en banlieue de N'Djamena. "C'est en respect aux principes de l'Islam que les dépouilles de ces deux terroristes n'ont pu être exposées. C'est sur cette base que je peux répondre au ministre français de la Défense qui souhaiterait avoir des preuves", a-t-il poursuivi. Le ministre de la Défense français, Jean-Yves Le Drian, avait en effet appelé dimanche à la "prudence" après les annonces par N'Djamena de la mort des chefs jihadistes Abou Zeid et Mokhtar Belmokhtar.
Lire à ce sujet l'interview du journaliste Pierre Darcourt (3 mars 2013)


Le 1er mars, les militaires français de la force Épervier étaient aux côtés des troupes tchadiennes lors d’une cérémonie en hommage aux 26 soldats tchadiens tombés lors des combats livrés dans l’Adrar. La cérémonie a eu lieu sur la base aérienne Adji Kosseï à N’Djamena. Le Ministre Délégué, Chargé de la Défense Nationale, le général Bénaïdo Tatola,  a rendu hommage aux «vaillants soldats tombés en martyrs au service de leur pays». L'attaché de défense français, le colonel Leccia, a lu le message du chef d'Etat-major des armées, l’amiral Guillaud, soulignant la combativité remarquable des militaires tchadiens face à leur ennemi. « La France s’incline devant la mémoire des 26 morts. » Le Président tchadien a annoncé aujourd'hui qu'un 27e soldat avait été tué.
Lire sur le site du ministère de la DéfenseTchad. Cérémonie en hommage aux soldats tchadiens morts au combat
Cérémonie d'hommage à N'Djamena © EMA/Armée de l'Air

04 mars 2013

Le 19 Mars appartient à l’Histoire


Mis à jour 5 mars 2013
Dans le cadre du 51anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie le 19 Mars 1962, les cérémonies du 19 Mars prochains mobilisent les anciens d'Algérie partout en France. Retour sur une commémoration qui approche à grands pas.
Le 19 Mars 2012, quai Branly, à Paris. (Photo © FNACA)
La Paix des mémoires repose-t-elle sur la reconnaissance de l’Histoire ? C'est ce qu'affirme le secrétaire général de la Fédération nationale des anciens combattants d’Algérie (FNACA), André Cognard, dans son dernier éditorial du magazine de l'association L'Ancien d'Algérie, la publication leader des anciens combattants forte de 370.000 abonnés et dont l'audience dépasse le million de lecteurs. "Il aura fallu attendre longtemps, trop longtemps, écrit André Cognard, cinquante années qui ont nécessité une action inlassable de notre Fédération auprès des gouvernements successifs, des parlementaires, des élus à l’échelon des régions, des départements et des communes pour que la date du Cessez-le-feu le 19 Mars 1962 soit reconnue officiellement par la République Française." Le 19 Mars, Journée Nationale du Souvenir et de Recueillement à la Mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc est désormais une cérémonie nationale de la France. Elle appartient déjà à l’Histoire.

La victoire du 19 Mars est aussi celle de la combativité de deux personnalités de la Fnaca, aujourd'hui disparues, Wladyslas Marek et Maurice Sicart. Le 13 février dernier, le Bureau national de l'association a rendu hommage à ces deux hauts responsables de la Fédération, respectivement au cimetière d’Avon (77) et au cimetière du Père Lachaise à Paris. Wladyslas Marek, qui fut président de la Fnaca pendant 36 ans, s’est éteint le 24 septembre 2012. Marc Laffineur, le secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Défense et des Anciens Combattants, a salué en lui « un homme d’exception, animé par le sens du courage, de la droiture et de la fraternité ». Il avait servi en Algérie du 17 avril 1960 au 16 avril 1962 et rejoint le secrétariat national de la Fnaca en 1968. Constamment sur le front parlementaire, il assurait les relations avec les élus. Maurice Sicart, secrétaire général de la Fnaca pendant plus de 40 ans, a constamment défendu la pertinence de la date du 19 mars contre celle du 5 décembre, qualifiée certes par certains de "fantaisiste" mais, en tous cas, non historique.

Une mobilisation exceptionnelle des départements
La Fnaca, sur le pied de guerre, se mobilise partout en France pour les cérémonies qui approchent à grands pas : "Dans le cadre du 51e anniversaire du Cessez-le-feu en Algérie le 19 Mars 1962, nous devons tout mettre en œuvre pour assurer une forte participation de nos adhérents, de la population, en la présence des autorités civiles et militaires devant les Mémoriaux départementaux et les monuments aux Morts", a exhorté le secrétaire général de la Fnaca. "La Paix des mémoires repose sur la reconnaissance et l’enseignement de l’Histoire", a-t-il conclu. La Fnaca compte sur une mobilisation supérieure à celle du 19 Mars 2012. (Lire notre article Feu vert pour les cérémonies du 19 Mars)

Les anciens combattants d'Algérie peuvent désormais cesser la guerre fratricide qui les ont opposés sur le choix d'une date de commémoration et se réconcilier —ou se retrouver pour nombre d'entre eux, comme chaquée année—, devant les monuments aux Morts de leurs villages, érigés en hommage au sacrifice des soldats de France, en hommage à leurs camarades tombés au combat.
Alix Prat pour 24heuresinfo

* La Loi n° 2012-1361 du 6 décembre 2012 a été publiée au Journal Officiel le 7 décembre 2012. C’est lors de sa séance du 8 novembre 2012 que le Sénat a adopté la proposition de Loi votée par l’Assemblée nationale le 22 janvier 2002 relative à la reconnaissance du 19 Mars, à l’instar du 11 Novembre 1918 et du 8 Mai 1945.

 Lire les autres articles de 24heuresinfo 

Voir aussi l'interview de Maurice Sicart, secrétaire général de la FNACA et celle de Hamlaoui Mekachera, secrétaire d'Etat aux Anciens Combattants de Soir 3 sur le site de l'INA (2003).



Coup de cœur pour L'Honneur et le sang de Pierre Darcourt


L'Honneur et le sang, Pierre Darcourt, editions Nimrod.
Un parachutiste de 26 ans a trouvé la mort samedi au Mali dans "l'un des combats les plus violents" depuis le début de l'intervention française dans le pays, a indiqué le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian. "Il est mort pour la France, pour notre liberté, pour notre sécurité".
4.000 soldats de l'armée française se battent avec courage et détermination au Mali, où la France est en première ligne aux côtés des soldats tchadiens dans la guerre contre les djihadistes. Alors que trois soldats français ont été tués lors d'affrontements dans le massif des Ifoghas, dans le Nord-Mali, que la France se bat avec succès, face à face, nous avons aimé ce livre, publié au format poche, qui rappelle qu'il existe au sein de nos armées une véritable fraternité d'armes même dans les contextes les plus difficiles.
Pierre Darcourt : "Je voulais sortir de l'ombre des faits d'armes oubliés ou méconnus. Montrer que, même quand tout semblait perdu, des poignées de soldats commandés par des officiers superbes se battaient pour l'honneur de leurs armes et de leur drapeau. L'honneur, ça existe. Le drapeau n'est pas un simple morceau d'étoffe;il justifie tous les sacrifices. La patrie, proche ou lointaine, est toujours présente dans le cœur des soldats."*1

L'Honneur et le sang, nous livre une galerie de portraits de guerriers combattants (Seconde Guerre mondiale, Indochine, Algérie) mis en relief dans des chapitres courts par une écriture d'une grande intensité. Un livre "plein de courage, d’abnégation, d’honneur et d’amour pour la France" et qui se lit comme un roman.

Photo © Jean-Michel Guhl
Un don de 6.000 euros pour l'Association Terre-Fraternité
Le 29 juin 2012, à l'hôtel national des Invalides, à Paris, Pierre Darcourt, lauréat du Prix littéraire de l'armée de Terre Erwan Bergot a remis le montant du chèque de 6.000 euros qu'il venait de recevoir à l'Association Terre-Fraternité,représentée par le général Bernard Thorette, qui vient au secours des blessés de guerre et de leurs familles. "Je salue le général Bernard Thorette, Président de l'association Terre Fraternité. Et les efforts consentis en faveur des blessés en opération ainsi qu'à leurs familles. C'est une action qui force le respect. J'ai pris la décision, dès que j'ai été lauréat du Prix Bergot, de verser le montant de ce prix à cette association", a tenu à souligner le lauréat Pierre Darcourt.

"Omu liberu, homme libre"
Les théâtres d'opération, Pierre Darcourt les connaît bien. Il les a parcouru comme correspondant de guerre, puis rédacteur en chef au Figaro. Carte de presse en poche,— ce petit carton barré de tricolore—, il est allé au bout de la terre, en s'accrochant à "l'un des plus beaux textes du monde : la Charte des Journalistes", précise-t-il. "La dignité, la parole, l'intransigeance de l'esprit et de l'écriture. Un métier superbe et fort. 50 ans de route. Des coups à prendre, d'émotions à partager. La route, c'est le risque et l'aventure. Avec l'obsession d'arriver le premier là où personne ne va jamais. La route, c'est un chemin de lumière, le dernier rendez-vous des princes." Des représentants de cette noblesse "rarement affichée" étaient présents pour la remise du prix. Lire à ce sujet le très bel article du journaliste Pierre Bayle, qui souligne:"Fidèle à lui-même, le journaliste Pierre Darcourt a réaffirmé son attachement à la liberté en recevant le 29 juin le prix littéraire de l’armée de terre Erwan Bergot, résumé dans la devise gravée sur le couteau de son grand-père corse:«Omu liberu*». Homme libre."Un fier et vibrant plaidoyer pour la liberté du journaliste."
Alix Prat pour 24heuresinfo

*1 Terre Information Magazine, Interview de Pierre Darcourt, Le Livre du mois, septembre 2012, page 52.
*2 Omu liberu, homme libre

A lire L'Honneur et le sang. Pierre Darcourt. Editions Nimrod, 2012. 224 p. (Disponible sur amazon.fr et fnac.com)