23 mars 2013

Alger confirme : Abou Zeid a bien été tué


L'Algérie a confirmé l'identité du cadavre des Ifoghas, après analyse de prélèvements organiques. Alger les a comparé à des fragments d'ADN familiaux qui ont permis d'identifier formellement le terroriste.

Cette information avait été déjà officiellement annoncée par le président de la République du Tchad Idriss Deby. Même si côté français, les autorités se montraient un peu frileuses et retardaient le moment d'annoncer officiellement ce qu'elles ne pouvaient ignorer.

Lire :
La France peut-elle ignorer la mort d'Abou Zeid ?

Les 20 et 21 mars 2013 dernier, le général d’armée Ract Madoux, chef d’état-major de l’armée de Terre (CEMAT) s’est rendu au Mali. A Bamako, il a d’abord présidé la cérémonie de lever de corps du caporal-chef Van Dooren, mort au combat le 16 mars 2013. Le 21 mars, le CEMAT a rejoint Tessalit et les troupes françaises déployées dans la zone et, au plus près, par hélicoptère, les militaires au contact des groupes terroristes dans la vallée de Terz. Puis destination Gao, où les unités du groupement tactique interarmes 2 (GTIA 2) sont engagées dans l’opération Doro, menée quotidiennement par les forces françaises, maliennes et africaines. Son objectif : sécuriser le terrain, rechercher et détruire les groupes terroristes qui continuent dans cette zone d’alimenter un climat d’insécurité.
Opération Doro apr le GTIA 2 à l'est de Gao. © Armée de terre/EMA
Opération Doro à l'est de Gao, par le GTIA 2 en coordination avec les forces maliennes.
© Armée de terre/EMA.
La France est engagée dans l’opération Serval depuis le 11 janvier 2013. Ce sont près de 4.000 soldats français qui opèrent quotidiennement au Mali.

Mali, mission accomplie ?
L’intervention française au Mali s’achemine-t-elle vers sa fin ? Le Président de la république française François Hollande a assuré que la souveraineté du Mali sera rétablie sur « la quasi-totalité » du territoire dans... « quelques jours ». 

Le retrait des troupes françaises au Mali commencera «à partir de la fin» avril, a indiqué, de son côté, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault. Le Tchad, principal soutien militaire de la France au Mali, a appelé jeudi à ne pas crier victoire trop vite dans la guerre contre les islamistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays. «L’opération conjointe armée tchadienne-armée française a fait un travail important dans les Ifoghas, a-t-il souligné. Elle est en train de faire du ratissage sur le terrain. Je crois que plus de 70% du travail est fait mais il ne faut pas aller trop vite en besogne parce que nous avons un adversaire particulier sur un théâtre particulier», a dit le ministre tchadien des Affaires étrangères et de l’intégration africaine de la République du Tchad, Moussa Faki Mahamat, à l'issu d'une séance de travail au Quai d'Orsay, avec Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.

22 mars 2013

Le MUJAO revendique l'attentat de Tombouctou

Le groupe terroriste MUJAO, le Mouvement pour l’unicité et le djihad en Afrique de l’Ouest, un des groupes islamistes ayant occupé le nord du Mali en 2012, a revendiqué aujourd’hui l’attentat commis hier dans la ville de Tombouctou. «Au nom de tous les moudjahidines, le MUJAO revendique l'attentat et l'attaque de Tombouctou » a affirmé son porte-parole officiel Adnan Abou Al Walid Sahraoui, avant de poursuivre : « Nous avons ouvert un autre foyer de conflit à Tombouctou, et nous allons continuer. Les moudjahidines sont à Gao, à Kidal, à Tombouctou, les capitales des trois régions formant le nord du Mali, et ils vont continuer les combats grâce à Allah».

Une explosion à la voiture piégée près de l'aéroport a tué hier un soldat malien et blessé deux autres personnes. La ville de Tombouctou avait été libérée à la fin du mois de janvier par les troupes françaises et maliennes des groupes islamistes armés dont Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), qui contrôlaient la région depuis 2012, y commettant exactions et destructions de mausolées au nom de la charia (loi islamique).

A Gao (nord-est), où des attentats-suicides ont été commis, une « quinzaine » de combattants islamistes ont été tués dans des accrochages récents. C’est principalement dans le massif des Ifoghas, à l'extrême nord-est du Mali, que se concentrent depuis plusieurs semaines des opérations de ratissage, conduites dans cette zone par des soldats français et tchadiens contre les djihadistes qui s’y sont retranchés.

Mali : le Tchad appelle "à ne pas crier victoire trop vite"


Le Tchad, principal soutien militaire de la France au Mali, a appelé jeudi à ne pas crier victoire trop vite dans la guerre contre les islamistes qui avaient pris le contrôle du nord du pays. «L’opération conjointe armée tchadienne-armée française a fait un travail important dans les Ifoghas, a-t-il souligné. Elle est en train de faire du ratissage sur le terrain. Je crois que plus de 70% du travail est fait mais il ne faut pas aller trop vite en besogne parce que nous avons un adversaire particulier sur un théâtre particulier», a dit le ministre tchadien des Affaires étrangères et de l’intégration africaine de la République du Tchad, Moussa Faki Mahamat, à l'issu d'une séance de travail au Quai d'Orsay, avec Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères.  «Il faut être prudent et je pense qu'on a besoin d'un travail sur l'ensemble du Mali, en particulier dans la zone de Tombouctou», a-t-il ajouté.
Un attentat suicide à la voiture piégée avait, en effet, coûté la vie à un soldat malien dans la nuit sur l'aéroport de Tombouctou. Les échanges de tir qui ont suivi ont fait une dizaine de morts parmi les combattants islamistes.  
© Ministère des AEF/Julien Faure
Moussa Faki, ministre des Affaires étrangères et de l'intégration africaine de
la République du Tchad a été reçu par Laurent Fabius, ministre des Affaires
étrangères au Quai d'Orsay, le 21 mars 2013. © Ministère des AEF/Julien Faure
Moussa Faki a affirmé que le Tchad n'avait rien réclamé en échange de son engagement. «On n'a pas besoin d'être convaincu, on est un ami du Mali, a-t-il dit. La menace sur le Mali est une menace sur le Tchad. On n'a pas besoin d'être payé pour ça.» Le président tchadien Idriss Deby Itno a déclaré, il y a quelques jours : «La menace des jihadistes existe ici au Tchad. Elle existait avant qu'on envoie nos forces au Mali. Ce qui se passe au Mali n'est pas loin, c'est dans le Sahel". 


Le retrait des troupes françaises débutera fin avril
Le Tchad, partenaire essentiel de la France en Afrique centrale, apporte un appui militaire déterminant à l’opération Serval au Mali. Il a envoyé 2.400 soldats sur le terrain. Ces spécialistes du désert sont en pointe dans les combats pour déloger les islamistes, notamment dans la zone du massif des Ifoghas. Trente soldats tchadiens ont été tués dans les engagements au Nord-Mali.

La France, qui a engagé 4.000 Français dans l'opération Serval, en cours depuis le 11 janvier, devrait commencer à se retirer prochainement du théâtre d'opérations. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a en effet déclaré mercredi que le retrait des troupes françaises du Mali débuterait «à partir de la fin du mois d'avril».

Selon le Quai d'Orsay, «l’entretien a permis d’évoquer les perspectives de sortie de crise», notamment la mise en place d’une opération de maintien de la paix des Nations unies.» Au programme également de cette réunion de travail, la crise en République centrafricaine, où la Communauté économique des États de l’Afrique centrale - que préside actuellement le Tchad - déploie d’importants efforts politiques et militaires en vue d’un règlement pacifique.

Les deux ministres se sont enfin entretenus des enjeux de sécurité régionaux au Sahel et  de la menace terroriste.

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Mali : valse diplomatique au Quai d'Orsay


En poste depuis deux ans l'ambassadeur de France à Bamako, Christian Rouyer, rappelé à Paris, est remplacé par Gilles Huberson, un diplomate passé par Saint-Cyr, envoyé en renfort dans le poste malien, il y a près de six mois.

Ce changement s'inscrit dans une série de mises à l'écart de plusieurs diplomates impliqués dans le dossier malien au Quai d'Orsay : Laurent Bigot, sous-directeur de l'Afrique de l'Ouest, a été démis de ses fonctions, fin février, après Jean Félix-Paganon, représentant spécial pour le Sahel.

Conseiller des affaires étrangères, Gilles Huberson, avait été nommé, le 6 février, à la tête de la nouvelle mission «Mali-Sahel» (MMS) par le Quai d'Orsay. Placé auprès du directeur d'Afrique et de l'Océan Indien, il était chargé de coordonner l'ensemble des actions politiques, diplomatiques, sécuritaires et de développement au Mali. 

21 mars 2013

Mali : le courage des soldats tchadiens


Le journal Ouest France a publié un reportage du journaliste Abdelnasser Garboa sur le quotidien des soldats tchadiens dans les Ifoghas au Mali. Les forces tchadiennes ont reconquis la vallée d'Amtetaï au prix de lourdes pertes. Abdelnasser Garboa, qui a pu visiter cette vallée, témoigne.

Lire cet article :
Mali : les Tchadiens à l'assaut du massif des Ifoghas

Lire aussi :
Le Tchad rejoint la Misma
Idriss Deby : le terrorisme n'a pas de frontière

20 mars 2013

19 Mars : « Commémorer, c'est ne pas oublier »


Mémorial du Quai Branly, à Paris, le 19 mars 2013
«Celles et ceux ayant survécu à cette tragédie savent
combien sont précieuses 50 années de paix...»

Mise à jour le 20 mars, 18:21
La foule se pressait hier au monument aux morts François-Verdier, à Toulouse, à l'occasion des commémorations officielles de la fin de la guerre d'Algérie. Pierre Cohen, maire de Toulouse, et Kader Arif, ministre délégué aux anciens combattants, ont rendu hommage aux victimes civiles et militaires du conflit. Le président de la Fédération nationale des anciens combattants d'Afrique du Nord (Fnaca), Guy Darmanin, a rappelé «que le devoir de mémoire est essentiel car commémorer, c'est ne pas ignorer et ne pas oublier».

Kader Arif a souligné l'importance de la mémoire, du souvenir que les anciens doivent transmettre aux plus jeunes. Pour le 68e anniversaire de la libération de Dijon, auquel il assistait, Kader Arif avait déjà insisté sur l’importance de « garder une mémoire vive des événements, une mémoire de chair». «On ne doit jamais oublier, avait-il dit.  D’où l’importance de la présence des anciens combattants. Je suis ému de voir tous ces hommes qui ont su garder leur dignité. La question se pose d’ailleurs, quand ils ne seront plus là, comment garder cette mémoire vivante ? Nous ne devons pas forcément regarder vers les périodes anciennes de l’histoire mais plus vers l’avenir ».
Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, dépose une gerbe sur
la tombe du Soldat inconnu, lors des cérémonies du 19 Mars. © D.R.
A 16 heures, le ministre des Anciens combattants, de retour à Paris, commémorait le 19 Mars, Quai Branly. Face au Mémorial de la guerre d'Algérie, la longue file des porte-drapeau venus nombreux, en rangs serrés, émus, solides. La cérémonie se déroule en présence du gouverneur militaire de Paris, le général Hervé Charpentier.

Mémorial du quai Branly. © GMP Cch Joël Verilhac
En fin de journée, Kader Arif a présidé la cérémonie commémorative du cessez-le-feu en Algérie du 19 mars 1962 qui s'est déroulée sous l'Arc de Triomphe à Paris, en présence du gouverneur militaire de Paris, le général Hervé Charpentier, du maire de Paris Bertrand Delanoë, de George Pau-Langevin, ministre déléguée à la Réussite éducative et d'Anne Hidalgo, première adjointe de Bertrand Delanoë et candidate socialiste à la mairie de Paris.

Le Comité de «La Flamme sous l'Arc de Triomphe» a été fondé le 2 novembre 1923. Il a pour but de raviver quotidiennement la flamme sur la tombe du Soldat Inconnu et plus généralement d'entretenir la mémoire de tous les Combattants Français et alliés tombés au champ d'honneur. Le 11 novembre 2009 pour la première fois, la Chancelière Allemande Angela Merkel , a ravivé la Flamme aux cotés du Président de la République Nicolas Sarkozy accompagnés par deux enfants. Ensemble, ils ont rendu hommage aux morts et aux combattants de la Grande Guerre et marqué les liens actuels de la France et de l'Allemagne pour construire une paix durable en Europe. Cette flamme a été allumé pour la première fois par André Maginot, ministre de la Guerre et des Pension, ancien sergent du 44e RIT, blessé au combat.

«Celles et ceux ayant survécu à cette tragédie savent combien sont précieuses 50 années de paix...», a souligné la Fnaca, à l'occasion des commémorations de la journée nationale du 19 Mars.

Mali : accrochages à Gao


L'état-major des armées a indiqué mardi qu'une quinzaine de combattants islamistes ont été tués depuis jeudi dernier lors d'accrochages avec les soldats français au nord du Mali. Ces militaires ont notamment été harcelés par les djihadistes dans la zone de Djebok, à une trentaine de km à l'est de Gao. «Pris à partie sporadiquement par des tirs à courte et moyenne portée», ils ont «neutralisé une quinzaine de terroristes et huit pick-up» avec l'appui de moyens aéroterrestres.

Selon la même source, plusieurs engins explosifs (IED) ont été neutralisés lors de l'opération et «une quantité importante» d'armes et de munitions a été saisie. Dans la nuit de dimanche à lundi, quatre tubes de lancement de roquettes de 122 mm ont également été détruits dans cette zone.

19 mars 2013

Idriss Deby : "le terrorisme n'a pas de frontière"


"La menace des jihadistes existe ici au Tchad. Elle existait avant qu'on envoie nos forces au mMali. Ce qui se passe au Mali n'est pas loin, c'est dans le Sahel", a déclaré le président Idriss Deby Itno dans l'hebdomadaire tchadien Notre Temps. "Le terrorisme n'a pas de frontière, n'a pas de visage et peut vous sauter à la gueule n'importe où, n'importe quand", souligne le président tchadien qui a engagé 2.000 soldats au Mali. Le Tchad a déjà payé un lourd tribut avec 29 soldats tués.

"Qui peut vous dire aujourd'hui qu'il n'y pas de Tchadiens enrôlés comme terroristes ailleurs?", s'interroge le président tchadien. "Vous avez des Tchadiens qui sont arrêtés en Arabie Saoudite, en Afghanistan et qui ont été jugés aux Etats-Unis et emprisonné à Guantanamo, au Soudan, en Irak". "Puisque ces Tchadiens sont déjà en action à l'extérieur de notre territoire, qu'est ce qui prouve qu'ils ne s'intéresseront pas à notre pays un jour ?", se demande-t-il. "Soyons prudents, si nous ne combattons pas ce mal loin avec les autres, notre société va se déchirer".
Au Nord, dans le massif de l’Adrar, les forces française de l'opération Serval sont toujours engagés en coordination avec les forces tchadiennes et poursuivent leurs opérations dans la région située au sud de Tessalit. © EMA
Le contingent tchadien, précieux allié de la France au Mali, le plus aguerri de toutes les troupes africaines déployées au Mali, a officiellement intégré la mission africaine (Misma).

Le Tchad, plus gros contributeur de la Misma
1.200 soldats français et 1.500 soldats tchadiens traquent actuellement les combattants djihadistes dans le massif des Ifoghas. Plus d'une centaine de combattants islamistes auraient été tués lors des violents combats qui s'y déroulent depuis la mi-février.

Au sein des forces essentiellement ouest-africaines déjà présentes au sein de la Misma, il faut relever le rôle majeur du contingent des 2.000 soldats Tchadiens, affûtés et aguerris, rompus à la guerre du désert. Le Tchad est le plus gros contributeur des troupes à la Misma qui déploie actuellement au Mali environ 6.300 soldats.

Lire aussi:

Jour J 19 Mars Quai Branly



Mise à jour, le 18 mars 2013, 15:50
Aujourd'hui, c'est chose faite, le 19 Mars est officiellement entré dans l'Histoire. Cette année, les cérémonies du 19 Mars marqueront également les 51 ans du Cessez-le-feu officiel de la guerre d'Algérie.   

Le 19 mars 1962, à midi, prenait officiellement effet un cessez-le-feu qui mit fin à huit années de guerre en Algérie. Aujourd’hui, les cérémonies de commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962, qui se tiendront dans toute la France, auront une résonance particulière. Pour la première fois, en effet, le 19 mars est une journée officielle de souvenir liée à la guerre d’Algérie. Une décision «historique» pour les anciens combattants de ce conflit qui assistent avec émotion à cette cérémonie du souvenir et qui se sont mobilisés dès 1963 pour la reconnaissance du 19 Mars.

La cérémonie commémorative du 19 Mars sera présidée à Paris par Kader Arif, le ministre délégué aux anciens combattants, au Mémorial du Quai Branly, aujourd'hui à 16 heures. En 2012, il y avait pour les cérémonies du 19 mars au Quai Branly à Paris, une marée humaine. Et sur les Champs-Elysées pour le ravivage de la Flamme. Venus de toute la France, en train, en cars, en voitures, des milliers d'anciens combattants en Afrique du Nord avaient voulu témoigner de leur indéfectible attachement à la commémoration du "cessez-le-feu" officiel de la guerre d'Algérie. 
Un témoignage aussi très émouvant de leur fidélité au Souvenir de leurs 30 000 camarades morts, fauchés sur la terre d'Afrique du Nord. Alors que les dernières cérémonies du 5 décembre, quelques mois plus tard, n'ont rassemblé que peu de monde (Lire notre article sur La guerre perdue de l'UNC).

Si la loi reconnaissant officiellement le 19 Mars comme Journée nationale du souvenir est toute récente, — elle a pris place aux côtés des grands dates commémoratives le 6 décembre 2012 —, les communes de France ont, depuis longtemps, voulu rendre hommage aux victimes de cette guerre, en édifiant un monument commémoratif ou bien en donnant à un lieu public, une rue, une place, un square, le nom du 19 Mars. A Paris, Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, avait pris l'engagement auprès de la Fédération nationale des anciens combattants d'Algérie (FNACA) de rappeler cette date anniversaire du 19 Mars en dénommant un lieu de Paris. Il a été choisi dans le 12e arrondissement, près de la Gare de Lyon, d'où des milliers de jeunes Français partirent pour rejoindre Marseille, lieu d'embarquement pour l'Algérie.

Hier, à Toulouse, le conseil municipal a pris la décision de rebaptiser le pont Bayard en « Pont du 19 mars 1962 », qui était une promesse faite par le député-maire socialiste Pierre Cohen, début février. L'information a immédiatement été relayé par un blogueur vigilant, partisan du 19 Mars, Michel Dandelot.

Octobre 1972 à Méricourt (62). La municipalité inaugure la rue du 19 Mars 1962.

       A voir sur le site de l'INA :
 • Sondage de rue sur le 19 Mars. Une plaque inaugurée à Sèvres (1982).
Tournée en mars 1982, cette vidéo donne des interviews de passants pour savoir s'ils connaissent la signification de la date du 19 Mars 1962 et s'ils sont favorables à cette commémoration. Une plaque "19 MARS" vient d'être inaugurée dans une rue de Sèvres, dans les Hauts-de-Seine, et les passants donnent leur sentiment.

Au fil des ans, une réalité s'est imposée : plus de 50% des communes françaises souhaitaient que le 19 mars soit la Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d'Algérie et des combats en Tunisie et au MarocUne réalité confirmée par le Journal des Maires (1) qui souligne que, si cette date, avait pu être "remise en cause par certain", elle reste "l'occasion de nombreuses commémorations dans les communes de France."
Aujourd'hui, la FNACA est devenue l'association majoritaire des anciens d'Algérie. Et son journal L'Ancien d'Algérie, avec ses 340.000 abonnés, est le numéro un de la presse combattante. Que peut-on opposer au verdict des chiffres ?
Alix Prat pour 24heuresinfo


Autres vidéos sur le site de l'INA
 (7 janvier 1961)

(5 décembre 2002)

Le 5 décembre, une date qui divise (5 décembre 2003)

Terrorisme : Boko Haram frappe sans rémission

Mise à jour le 18 mars 2013, 18:29

Boko Haram, on en parle beaucoup. Et on la définit par ce raccourci rapide comme "une secte nigériane djihadiste anti-chrétienne". Je dirais plutôt qu'il s'agit d'un mouvement hostile à tout ce qui vient des "apostats d'Allah" et de tout ce qui vient de l'Occident.


Son fondateur, Mohamed Yusuf, né le 20 janvier 1970 dans le village de Girgiri de l'Etat de Yobi, au nord-est du Nigéria, était un islamiste nigérian, adapte du salafisme. Issu de l'ethnie des Kanuris, parti à 20 ans poursuivre des études de théologie à Medine, "la ville du prophète" en Arabie Saoudite. A son retour, il crée et organise Boko Haram, un groupe armé actif dont il devient le chef spirituel, implanté dans plusieurs Etats du nord-est du pays.

Yusuf est un magnifique athlète, rigoureux, sobre, frugal. Son idéologie s'inspire de celle des Talibans afghans. Ses prêches sont intolérants. Il dénonce les imams tiédistes, rejette avec force "tout ce qui vient des Blancs" et revendique un retour "intégral au Coran". Boko Haram signifie d'ailleurs en dialecte haoussa : "L'école est un péché."

Durant les quelques années où il se tient calme, convertit ou endoctrine ses cadres, Yusuf étoffe son mouvement, et sacrifiant à la tradition, épouse quatre femmes et leur fait douze enfants.

Dans ses "communiqués aux croyants", il réclame la mise en pièces du système d'éducation "fabriqué pour les marchands et les Chrétiens", attaque ouvertement le gouvernement du président Umaru Yar'Adua et dénonce les fonctionnaires corrompus à sa solde, les "imams collabos". 

Il participe cependant à des débats théologiques houleux. Très vite l'extrémisme de ses propos le fait interdire de ces réunions. Cet échec durcit sa détermination. Devant une grande carte, il mûrit sa stratégie nihiliste et prend la mesure de son ambition.

La réaction de l'armée nigériane est impitoyable
Les troupes nigérianes. © US Federal government.
Durant huit années, la "secte" se tient calme. Fin 2003, la veille de Noël, son nouveau chef Ustaz Mohamed Yusuf déclenche des actions armées spectaculaires. Ecoles chrétiennes, postes de police, bâtiments publics, grenadés, incendiés. De 2005 à 2008, peu d'affrontements. En juin 2009, des renseignements remontent vers les services nigérians. Boko Haram est armée. L'armée va intervenir et ratisser les provinces du nord.
La secte répond par une série d'actions violentes, faisant sauter des églises, des casernes, des douanes, des postes de gendarmerie. Bilan : 715 victimes.

L'innovation qui différencie l'action de Boko Haram des autres groupes terroristes africains : elle attaque de préférence les bâtiments religieux ou terroristes ou publics quand ils sont pleins, les églises ou les temples pendant la messe du dimanche, à la Nativité, l'Ascension, les mosquées pendant la prière du vendredi, les tribunaux en séance, les autocars bourrés de passagers, les prisons quand les détenus remontent des cours de promenades dans leurs cellules.

En réponse, la réaction de l'armée est impitoyable. Elimination de plus de 800 membres du groupe dont le chef Ustaz Mohamed Yusuf surnommé "l'invulnérable". A l'époque, les forces nigérianes annoncent également la mort d'Abubakar Shekau, son bras droit. La presse nationale dénonce la secte "des fous de Dieu liés par le serment du sang qui étale ses victimes dans les rues" et prédit l'instauration de la Charia sur tout le territoire national. Mais les adeptes de la "secte", qui se présentent désormais comme les "nouveaux talibans nigérians", poursuivent leurs actions meurtrières. Un an plus tard, à la surprise générale, en juillet 2010, "l'imam" Shekau réapparaît dans une vidéo postée sur internet. Dans cet enregistrement, Shekau, leader de Boko Haram promet une lutte sans pitié au gouvernement central.

Que sait-on de lui ? Il est né il y a quarante ans à Shekau, un village dont il porte le nom, près du Niger. Son âge ? 42 ans. Une jeunesse désœuvrée à Majoni, un quartier miséreux de Maiduguri. Vols de voitures, bagarres, fumeur de marijuana, il traîne dans les bars. En 2002, repéré par Mohamed Yusuf, il rejoint la secte. Contrairement à son aîné, il n'a que peu fréquenté l'école et moins encore suivi une formation théologique. C'est un homme en pleine force, le regard vif, la barbe très noire, bien taillée. Peu causant, brutal, le poing qui parle vite. Il ne parle pas l'anglais, s'exprime en kanouri, haoussa ou arabe. Recherché depuis trois ans comme l'un des chefs terroristes les plus dangereux du continent africain, Shekau reste introuvable.

La secte Boko Haram se radicalise
Dans sa vidéo la plus récente, il apparaît à visage découvert, le sourire éclatant, keffieh sur la tête, longue robe blanche des salafistes, un fusil Fal posé à sa droite contre le mur. C'est un combattant sans charisme, déterminé. L'action pour l'action. Shekau s'est imposé à tous par son courage et son intransigeance. A l'inverse de Yusuf qui était admiré et respecté de tous, il est craint et il ose.

Le 26 août 2011, l'attentat commis à l'encontre de l'immeuble des Nations Unies dans la capitale d'Abuja prend une dimension internationale et menaçante. Alors que jusqu'à cette attaque, Boko Haram était considérée comme un mouvement régional de "bandits devenus terroristes", les choses ont pris de l'ampleur. Des opérations suicides à l'explosif se sont multipliées. Une façon inédite en Afrique de lancer des bombes humaines sans aucune parade possible. Avec Shekau, la secte s'est radicalisée. Il a fait assassiner plusieurs imams au prétexte qu'ils avaient trahi "la cause" d'Allah, parce qu'ils avaient discuté avec des fonctionnaires d'Etat. La majorité des musulmans dénonce "cet usage excessif de la force".

Fin 2011, Boko Haram compte environ 800 adeptes — combattants dotés d'armes légères, d'explosifs, d'un demi-millier de mines et de bombes incendiaires. Durement secouée dans le nord du Nigéria, elle a fait glisser 300 de ses hommes vers le sud du Niger, les abords du lac Tchad et la frontière méridionale du Tchad. Objectif, les Chrétiens sudistes "noirs". Une partie de ces hommes auraient fait leur jonction avec des éléments de l'Aqmi.

Des vétérans des opérations en Irak
Depuis février 2012, les recrues de Boko Haram s'entraînent dans des camps encadrés par des djhadistes, vétérans des opérations en Irak, en Algérie ou en Afghanistan. Les service occidentaux s'inquiètent d'une vidéo diffusée, il y a trois mois à peine sur internet, montrant des combattants qui s'expriment en peul, haoussa, fulani, tamachecq, portugais (pour les recrues venant d'Angola)... et en français pour des volontaires musulmans arrivés nombreux de la métropole. Tous entraînés par des membres de la milice somalienne Al-Shabbab. Leur formation achevée, ces futurs combattants se rassemblent pour un dernier salut derrière l'étendard noir du prophète. Sur les bandeaux qui entourent leurs fronts, il y a des inscriptions : "Allah est la réponse!", "Dieu est éternel!", "Son ombre s'étendra sur la terre!". Mais qui sera son vizir ?!
P.Dt. pour 24heuresinfo

18 mars 2013

19 Mars, J - 1


Le 18 mars 1962, suite aux négociations d'Evian et à l'accord qui en résulte sur l'autodétermination du peuple algérien, le général De Gaulle, annonce, au journal télévisé de 20 heures, le cessez-le-feu en Algérie et l'organisation prochaine d'un référendum qui devra consacrer le choix fait sur l'avenir des relations entre la France et l'Algérie.

• Voir le discours du général de Gaulle sur le site de l'INA : déclaration du général de Gaulle du 18 mars 1962

Ce cessez-le-feu va bouleverser la vie en Algérie. Il prend officiellement effet le 19 mars 1962, à midi et met fin à huit ans de guerre.  Deux référendums vont appuyer cette décision : celui du 8 avril 1962 par lequel les Français de métropole approuvent massivement (plus de 90%) le choix de De Gaulle ; et celui du 1er juillet 1962, par lequel les Algériens se prononcent pour l'indépendance de leur pays. Le 4 juillet, le nouveau président de la République Ahmed Ben Bella s'installe a Alger et proclame officiellement l'indépendance le lendemain.

Mais le cessez-le-feu du 19 mars ne signifie pas pour autant le retour de la paix. Combats et massacres se prolongent jusqu'en juillet 1962. Les principales victimes des représailles orchestrées par le Front de libération nationale (FLN) sont les Pieds-noirs et les harkis.

Voir les archives de l'INA :
• Algérie : la fin d'une guerre. Témoignages et impressions du côté FLN à l'annonce du cessez-le-feu. 

« L'Amère patrie »
Un million de pieds-noirs va fuir vers la métropole, Pompidou se veut rassurant alors même que l'exode bat son plein. Un afflux qui dépasse les administrations, surprend les politiques, inquiète la population. Pressés de s’intégrer dans une nation qui peine à les reconnaître comme siens, les rapatriés hésitent entre honte et colère.

Un très beau film L'Amère patrie retrace le retour des Français d'Algérie. Réalisé par Marion Pillas et Frédéric Biamonti, il opère un retour sur l’histoire pour comprendre aussi bien les enjeux politiques de l’époque que le déchirement des familles et leur douloureux retour en France.
Grâce à des d’archives inédites (images INA, Pathé et Gaumont, films amateurs), aux témoignages d’anonymes, d’historiens de renom tels que Pierre Nora, Paul Quilès ou encore Jean-Jacques Jordi, mais aussi de nombreuses personnalités publiques (Alain Afflelou, Enrico Macias...), L’Amère patrie restitue à ce rapatriement sa pleine dimension historique, loin des discours extrémistes ou des clichés entretenus par les pieds-noirs « de service ».

24heuresinfo a vu ce film bouleversant qui retrace le destin singulier des pionniers venus s'installer en Algérie au XIXe siècle, obligés brutalement de quitter tout ce qu'ils avaient créé dans un pays qu'ils aimaient. Nous reviendrons prochainement en détail sur ce documentaire qui offre une lecture critique de l’histoire.


L'Amère patrie. Une coédition Éditions Montparnasse / France Télévisions Distribution. Un film de Marion Pillas et Frédéric Biamonti. Durée 1h12. Couleur et N&B, 16/9, 1.77, VF , Stéréo – Zone 2 – PAL. 15 euros.
Site web : www.editionsmontparnasse.fr/