04 novembre 2013

Requiem pour les chasseurs d’info


Par Pierre Darcourt

Deux journalistes ont été enlevés et sommairement exécutés à Kidal. La France excelle dans les funérailles et les complaintes funèbres. Il y a longtemps que les journalistes sont exposés et qu’ils meurent en faisant leur métier. Et que le mauvais coup passé, ils ne survivent que dans les larmes de leur famille, ou le souvenir et le respect de leurs pairs du cercle très fermé des hommes de la route. Le dernier chemin des princes. N’est-ce pas Calderon ? Lugo ? Huet ? Cappa ? Martinoff ? Larry Burrows ? Michel Laurent ? Et cent autres, sur tous les fronts du monde. L’honneur et la fierté du métier.

Et puis, il y a les otages. Ceux de Syrie. Mon ami, Didier François, mon frère par le sang versé. Un des derniers seigneurs de la chasse aux infos. Courageux, impliqué tellement qu’il n’y avait personne d'autre que lui, sur la grande antenne d’Europe 1, pour affronter les fusils et risquer les chaînes de la captivité. Sa vie contre un scoop sur cette Armée syrienne libre taillée en pièces et qui n’existe plus que dans certaines rédactions.

Que s’est-il passé à Kidal pour que ces voleurs de vie, le visage masqué de chèches, tuent brutalement leurs prisonniers ? Franchissant tout à coup la ligne rouge du pacte des ravisseurs islamistes qui recommande de faire des prisonniers et de les garder en vie pour mieux les monnayer ensuite. Contre des millions d’euros ou de dollars. Ces rançons de la honte que les gouvernements ou les grandes sociétés acceptent parfois de payer pour arracher aux fous furieux d’Allah leurs ressortissants asservis, humiliés, exhibés sur vidéos. Expédiées du désert comme le catalogue exclusif du nouveau marché aux esclaves.

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