La mort nous a volé un homme de vie. Le Dr Maurice Rollet.
Ceux qui l'ont aimé, et nous l'avons tous aimé, ont perdu un homme de courage
avec un cœur gros comme une maison. Chaleureux, cultivé, poète, musicien, il
consacrait toutes ses forces à arracher ceux qui étaient en danger de basculer
de l'autre côté du mur. Médecin de jour, médecin de nuit. Qui refusait de
l'argent des pauvres et de ses amis.
Nous qui l'avons connu à Fresnes, avec ces frères d'armes
bônois qui jusque chez le juge, déclinant tous la même identité "Jo
Gonzalves, né à Bône en 1940", avaient fait rire tout le Palais.
Incarcéré, seul médecin de 600 détenus de la 1re
Division, il collectait les médicaments dans tout le pénitencier et pendant ses
courtes heures de repos rêvait de Tahiti, de ses lagons sous les palmes.
Libéré, installé à Marseille, il était coté. Quand l'un d'entre nous de passage
lui rendait visite, il poussait des rugissements de joie. Il demandait des
nouvelles de tous, nous emmenait dîner "Aux Guitares", la boîte de ses
copains gitans, et chantait parfois jusqu'à l'aube de sa voix forte et sonore.
Maurice, mon frère de route, venu de notre terre gorgée de soleil,
bordée de notre mer si bleue ourlée d'argent qui étirait ses plages de sable
fin étincelantes le long de nos villes blanches. Des champs d'oliviers que la
lumière et le vent empanachaient d'argent et nos vignes rousses.
De notre Algérie perdue qui nous collait au sang et au cœur
d'un deuil que nous n'avons jamais cessé de porter. Ecoutez-moi vous qui passez
devant le caveau où il repose. Saluez-le. C'était un homme de respect. Asta luego,
Maurice !
P. Dt.
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