Un chômeur en fin de droit s'est immolé par le feu mercredi vers 16
heures devant un pôle emploi de Nantes, en Loire-Atlantique. Il avait fait part de ses intentions
de se donner la mort et cette menace avait été prise au sérieuse par Pôle
emploi. Djamal Chaab, 43 ans, est mort après s'être aspergé
d'essence, ce mercredi, devant l'agence Pôle Emploi Nantes-Est. Le taux de suicide parmi les chômeurs est six fois
plus élevé que pour le reste de la population. «Il faudra bien, après, se poser les questions sur les
effectifs dédiés à l’accueil et l’accompagnement au sein de Pole emploi face
aux demandeurs d’emploi plus fragiles», a commenté la déléguée régionale SNU au
quotidien Ouest-France. Tout a-t-il été fait pour éviter le drame ? Une enquête judiciaire a été ouverte
pour déterminer "ce qui a conduit à un tel geste de désespoir",
indique le ministère du Travail dans un communiqué. Dans un communiqué, la CGT
chômeurs a, quant à elle, dénoncé « l'inhumanité avec laquelle les
chômeurs sont traités les poussant comme aujourd'hui à mourir de pauvreté sous
couvert de l'application d'une règle qui ne sert qu'à sanctionner, fliquer et
humilier les chômeurs. » Pour le syndicat, « Pôle emploi ne peut pas
se dédouaner de ses responsabilités dans cette affaire même si la procédure a
été respectée". "Tout a été fait", a indiqué le ministre du travail Michel Sapin, envoyé en urgence à Nantes par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Il faut savoir que les chômeurs n'ont pas le droit de faire une erreur en actualisation, les erreurs seraient-elles réservées à Pôle Emploi ? Cette affaire effroyable conduit à la question suivante : que pèse la vie d'un homme face à l'application tatillonne et déshumanisée de la loi ?
Alix Prat pour 24heuresinfo
Les réactionsAlix Prat pour 24heuresinfo
Le Premier ministre
Jean-Marc Ayrault a évoqué une « situation de précarité et aussi
sans doute un drame humain » pour expliquer ce geste
désespéré. « On ne peut être que choqués », a-t-il
ajouté, relevant que le personnel de Pôle Emploi, « très choqué »
lui aussi, avait « fait son travail ».
Patrick
Rimbert, maire de Nantes : « Je pense avant tout à la famille et
aux proches de cet homme à qui j’adresse mes plus sincères pensées. Ce drame
souligne le désarroi dans lequel la crise et le chômage plongent certains de
nos concitoyens. Cela ne remet pas en cause le travail accompli par les agents
de Pôle emploi ou les services sociaux qui au quotidien sont aux côtés des plus
en difficultés ».
« C’est un choc
terrible pour tous et en particulier pour les agents du Pôle emploi qui ont
assistés à cette scène », a souligné Gilles Retière, président de
Nantes Métropole.
Le Président du conseil
régional Jaques Auxiette s'est dit « horrifié par cette
tragédie » estimant que « la réalité collective du chômage ne
doit pas faire oublier la détresse individuelle et quotidienne de chaque
chômeur ».
« Cet événement
dramatique témoigne d’une réelle souffrance sociale que nul ne peut ignorer et
qui interroge chacun à quelque niveau de responsabilité qu’il soit - citoyen,
salarié, employeur ou élu. Face au chômage qui accable nombre de nos
concitoyens, la mobilisation pour l’emploi et l’accès aux droits est d’une
urgence vitale», a déclaré Philippe Grosvalet, président du conseil
général de la Loire-Atlantique.
Le Mouvement National des
Chômeurs et Précaires a dénoncé avec la plus grande énergie « au-delà du
drame individuel, l’aggravation continue d’une situation humainement et
socialement insupportable » soulignant que les risques psychosociaux du
chômage n'étaient « malheureusement toujours pas considérés comme une
priorité par l’ensemble des pouvoirs publics et de la société ».
Pour le parti communiste
de Loire-Atlantique : « Derrière les chiffres secs et les
courbes des schémas, il y a avant tout des êtres humains. Il est grand temps de
revoir les priorités, de cesser de satisfaire les exigences du Medef et de la
finance, grand temps de travailler à une sécurité sociale professionnelle pour
toutes et tous ».
« Notre
peine à cette annonce n’a d’égale que notre colère et notre révolte. Et nous
savons aussi que la majorité des suicides sont invisibles. Ils n’ont pas lieu
devant des endroits symboliques comme des Pôle emploi ou des Caf », a
rappelé avec justesse AC-Chômage.
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