Une démonstration militaire magistrale
UN escadron blindée AMX 10RC se dirige vers Gao. © EMA-ECPAD |
Deux chefs des narco-terroristes que l'armée française avaient capturés et remis à la municipalité ont été relâchés par le maire de Gao. La population en colère menace d'assassiner le maire.
Les islamistes ont annoncé qu'ils ne quitteront pas Gao. Le Mujao a revendiqué l'attaque dans un communiqué diffusé dimanche soir : "Les fidèles de Dieu ont attaqué avec succès aujourd'hui l'armée malienne, qui a laissé venir les ennemis de l'islam à Gao. Les moudjahidines sont dans la ville de Gao et y resteront." La corruption, la complicité d'une partie de l'administration, favorable aux rebelles, et la passivité de l'armée malienne ne font qu'illustrer notre analyse.
L’opération Serval au Mali constitue une démonstration militaire
magistrale. La souplesse d’emploi, la maîtrise des forces engagées forcent
l’admiration. Installée dans le rôle passif et bienveillant de « gendarmes
de la paix », nos soldats, pour la première fois depuis la fin de la
guerre d’Algérie, ont retrouvé le chemin du combat moderne... et de
l’offensive. Une définition claire de l’adversaire. L’esprit d’assaut. Les
trois clés du succès : le terrain, la surprise, la manœuvre. Le secret des
déplacements, la vitesse d’exécution. Toutes ces conditions réunies et
appliquées avec une rigueur de maître horloger par des troupes d’élite. Forces
spéciales, parachutistes, hélicoptères de combat et l’appui de l’armée de l’Air.
Une coordination remarquable de tous les moyens.
Urgence imposée de l’intervention par la présence à Bamako
de 6.000 résidents français et 1.000 étrangers que nous n’avions plus le temps
d’évacuer. Une chevauchée irrésistible. Un affrontement à Diabali. Les cartons
des chasseurs bombardiers et des hélicos. Les villes qui tombent une à une.
Mopti. Douentza. Konna. Tombouctou. Une bataille à Gao. Un mort, un seul au
terme de trois semaines de galop au moment où les Tchadiens et les commandos en
charge des opérations spéciales entrent dans le massif des Ifoghas et
verrouillent Tessalit et sa piste d’atterrissage géante à 90 kilomètres de la
frontière algérienne. L’Algérie qui a fermé sa frontière. Autorisé, après le
mauvais coup d’In Amenas le survol des avions français. Tout paraît favorable.
Qui va remplacer nos troupes d'élite ?
Le 9 février 2013, 10 sapeurs parachutistes, un TC 910 et du matériel ont été largués pour réhabiliter la piste de l'aéroport de Tessalit. © EMA |
François Hollande a été plébiscité à Tombouctou. La ville
submergée de drapeaux tricolores criait sa joie. A Bamako, les rues et la place
de l’Indépendance étaient à moitié vides, la foule criait « papa Hollande »
qui, comme De Gaulle autrefois à Mostaganem, affirmait d’une voix
vibrante : « L’armée française restera le temps qu’il
faudra ! »
De retour à Paris, le Président de la République se
ressaisit et annonce que le retrait de l’armée française commencera fin mars.
Pour conforter ces propos, Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères,
confirme que le retrait des troupes françaises débutera fin mars.
Et après ? Qui va remplacer nos troupes d’élite ?
Les touaregs l’ont clairement exprimé, ils ne veulent pas de l’armée malienne
qu’ils avaient humiliée, désarmée et chassée du nord du pays. Ils ne veulent
pas non plus de l’administration de Bamako. L’armée française d’ailleurs est
montée occuper Kidal, la ville de la tribu guerrière des Ifoghas en évitant
très discrètement de solliciter le concours des soldats maliens.
A Bamako, ces jours derniers, des militaires maliens tous
corps confondus ont attaqué le camp des « bérets rouges ». Les paras
ont riposté à l’arme lourde. Il y a de nombreux blessés. Pour la première fois,
à Gao, un kamikaze arrivé à moto s’est fait exploser au milieu de soldats
maliens. Tué sur le coup. Deux autres ceinturés d’explosifs ont été arrêtés.
Aux abords de Homburi, deux voitures de l’armée malienne ont sauté sur des
mines : quatre morts.
Dans l’instant, le Mali est en faillite. Les camions, les
bus ne circulent plus. Il n’y a plus de carburant. Les médicaments font défaut.
L’armée, très pauvre en matériel roulant et en armes (un fusil pour cinq), a du
mal à s’arracher à la confusion où l’ont plongé les officiers putschistes. Elle
a perdu tout crédit. La : police misérable est corrompue. Et des ethnies,
opposées. Bambaras, peuls, dogons, songhaïs, touaregs, arables, maures.
Les « terroristes » qui s’étaient fondus dans la
nature vont reprendre la guerre à leur façon. Truffer les itinéraires de mines
anti-véhicule et antipersonnel. Des attentats suicide... Taper dans les villes
les troupes africaines de la Misma peu enthousiastes pour aller se perdre au
désert. 6.000 hommes trop longs à se mettre en place et qui n’ont jamais vu le
feu. Seuls les Tchadiens entraînés, motivés, aptes à toutes les formes de
combat dans les dunes et « le caillou » feront face.
Et qui, avec un Etat déliquescent, sera capable d’ici juillet de conduire l’organisation d’élections libres et transparentes ? Un « Président » provisoire discrédité, battu à mort par des voyous, évacué d’urgence à Paris, soigné et remis en selle par les Français après deux mois d’hôpital.
Les terroristes ont quitté les villes mais ont laissé des
groupes autonomes dans les villages qui les entourent, où ils comptent de
nombreux partisans. Ils vont laisser passer l’orage. De là, ils lanceront des actions
brèves et brutales selon la terrible tactique des Talibans : frapper fort
et disparaître.
P.Dt. pour 24heuresinfo
P.Dt. pour 24heuresinfo
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