16 mars 2013

Habré jugé au Sénégal


Le compte à rebours a commencé de ce qui pourrait bien être un très long ballet judiciaire. L'instruction sur les crimes commis au Tchad par l'ancien président Hissène Habré, —qui a débuté le 8 février à Dakar, au Sénégal—, doit durer quinze mois et le procès s'ouvrira en 2014. Coût de l'instruction : 4,85 milliards de F CFA (7,4 millions d'euros). Le Sénégal ne déboursera rien. Le plus gros contributeur sera le Tchad (2 milliards de F CFA). Puis l'Union européenne (2 millions d'euros), les Pays-Bas (1 million d'euros), l'Union africaine (1 million de dollars), les États-Unis (1 million de dollars), l'Allemagne (500 000 euros), la Belgique (500 000 euros), la France (300 000 euros) et le Luxembourg (100 000 euros).

C'est l’élection de Macky Sall à la présidence du Sénégal en avril 2012 et l’arrêt de la Cour internationale de Justice du 20 juillet 2012 ordonnant au Sénégal de poursuivre en justice «sans autre délai» ou d’extrader l’ancien dictateur du Tchad, qui ont permis la tenue de ce procès toujours différé sous le régime de Abdoulaye Wade, l'ancien président sénégalais. Hissène Habré devra répondre des crimes internationaux commis au Tchad entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990. «Nous allons démontrer que Habré dirigeait et contrôlait les forces de police qui ont tué ou torturé ceux qui s'opposaient à lui ou qui appartenaient simplement au mauvais groupe ethnique», a déclaré l'avocate des victimes et présidente de l’Association Tchadienne pour la Promotion des Droits de l' Homme (ATPDH), Jacqueline Moudeïna.

Sous le régime Habré, la DDS, sa police politique impitoyable et redoutée, a en effet procédé a des milliers d’arrestations, des tortures et d'exécutions sommaires d’opposants et autres Tchadiens. Selon l’Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH), fondée par une des victimes du dictateur Souleymane Guengueng, et qui ont porté plainte, Hissène Habré serait responsable d’un millier d'assassinats politiques. 500 témoins pourraient être auditionnés.
Reed Brody (Human Right Watch) dans les locaux de la DDS
 à N'Djamena (Tchad). © Human Right Watch

Hissène Habré également recherché par la justice belge
Pour l'association de défense des droits de l'homme, Human Right Watch, qui travaille depuis 1999  avec les victimes de l’ancien dictateur du Tchad en exil,
 «Habré est accusé de milliers d’assassinats politiques et de l’usage systématique de la torture lorsqu’il dirigeait le Tchad de 1982 à 1990. Habré est aussi recherché par la justice belge pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture.»
Reste à savoir si la justice se penchera sur la gestion des fonds que l'ancien président tchadien avait emporté avec lui dans sa fuite précipitée.
Alix Prat pour 24heuresinfo

• Un article de 24heuresinfo sur le même sujet:

L'interview de Reed Brody, conseiller juridique et porte-parole de HRW, concernant l'importance des poursuites judiciaires visant l’ancien président du Tchad, Hissène Habré (vidéo)

• Le site facebook de HUMAN RIGHT WATCH (en français)

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