27 février 2013

Des Casques bleus au Mali en mars


Petit-déjeuner à l'Elysée avec le chef de la diplomatie américaine John Kerry.

Mis à jour le 28 février 2013 11:12
Le président tchadien, Idriss Deby, a exhorté mercredi à Yamoussoukro, ses homologues ouest-africains à accélérer le déploiement de la force ouest-africaine au Mali, où les troupes tchadiennes, aux côtés de l'armée française, combattent en première ligne les djihadistes dans le massif des Ifoghas (Nord-Mali). Le président en exercice de la Cedeao, le chef de l'État ivoirien Alassane Ouattara, a confirmé que la Misma compterait à terme 8000 hommes. Et demandé une rallonge budgétaire:alors que la communauté internationale s'était engagée sur une enveloppe de 455 millions de dollars (338 M EUR), destinée à la Misma, à l'armée malienne et à l'aide humanitaire, la Côte d'Ivoire a déclaré que les besoins globaux se montaient désormais à 950 millions de dollars (715 M EUR).
A terme, des Casques bleus devraient prendre le relais de la Misma au Mali.

Le nouvel homme fort de la diplomatie américaine John Kerry, en provenance de Berlin, s'est entretenu aujourd'hui avec le président français François Hollande, avant de partir pour Rome. Le Mali a naturellement été au centre de l'entretien. Même si le chef de la diplomatie américaine a récemment qualifiée l'intervention française au Mali de «réussie» et affirmé, hier, à Berlin que la situation malienne «représente une menace» pour l'Afrique et pour l’Europe, l’entente entre Paris et Washington oscille entre les crispations et les satisfecit. Washington a d'abord hésité à apporter un soutien logistique à l'intervention française. Puis présenté une facture exorbitante pour des avions cargo C-17 - refusée par la France - avant de les offrir quelques jours plus tard...

Les Etats-Unis ont cependant octroyé 96 millions de dollars pour l’entraînement et l'équipement de la Misma, — la force ouest-africaine qui devrait relayer à terme l’armée française —, mais qui n'a pas l'air de se presser pour aller au combat. Seuls les 1.800 soldats du Tchad déjà déployés dans le Nord-Mali, sont engagés sur les points les plus chauds aux côtés des troupes françaises. Le Tchad, qui est avec la France, en première ligne dans cette région proche de l'Algérie, a déjà perdu 23 soldats dans les combats du Nord-Mali. Un combat — qui vise à détruire les bases opérationnelles des groupes terroristes —  et qualifié "d'intrépide" par la Mauritanie. Le président tchadien Idriss Deby Itno vient, lors de l'ouverture du sommet de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) à Yamoussoukro, d'appeler  la force ouest-africaine et l'armée malienne à accélérer son déploiement dans le nord du Mali:"L'heure n'est plus aux discours (...) mais plutôt à l'action" a-t-il dit. "Nous appelons l'état-major de la Cédéao à plus de célérité...".

Les Etats-Unis ont déjà déployé des drones de surveillance «Predators» au Niger en soutien aux forces françaises, un appui logistique précieux pour le repérage au Mali des combattants islamistes et leur «neutralisation»Près de 100 militaires américains viennent d'être déployés dans le pays ouest-africain du Niger. Le président américain Barack Obama  a déclaré que ce déploiement "soutiendra la collecte de renseignements et facilitera le partage des renseignements avec les forces françaises menant les opérations au Mali et avec les autres partenaires de la région". (Lire notre article "100 militaires américains déployés au Niger")

L'avenir du Mali se joue également dans le sud du pays
Mise en place des forces terrestres dans le nord de Bamako. © EMA/Armée de l'Air.
L'intervention française dans le nord du Mali a sauvé le président intérimaire Dioncounda Traoré et le pays d'un probable nouveau coup d'Etat. Le gouvernement intérimaire de Bamako devrait pour sortir de la crise organiser des élections présidentielles d'ici le 31 juillet prochain. Cela passe par la mise en place d'un fichier électoral biométrique ainsi que la création d'une Commission de dialogue et de réconciliation pour mener un processus politique de réconciliation au Mali et faire respecter les droits de l'homme. Une condition impérative et peut-être optimiste car les relations avec le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad des touaregs indépendantistes) sont on ne peut plus difficiles et le dialogue intercommunautaire, complexe, sur fond d'exactions de l'armée malienne contre les populations arabe et touareg dans les villes libérées, de règlements de compte et de sectarisme. Ce qui a conduit récemment la France a refuser à l'armée malienne l'accès à la ville de Kidal, au Nord, fief des rebelles touaregs.

Sans oublier les conflits qui opposent depuis longtemps deux factions de l'armée malienne, les bérets rouges aux bérets verts du capitaine putschiste Amadou Sanogo, qui avait déposé, lors du coup d'Etat du 22 mars 2012, le président Amadou Toumani Touré. Ce coup d'Etat avait plongé le Mali dans la crise.

Le 18 février, à Bruxelles, le conseil de l’Union européenne a formellement approuvé la mission européenne de formation de l'armée malienne, EUTM Mali. Mais cette mission ne coopérera pas avec le capitaine Amadou Sanago, pourtant investi mi-février à la tête d'un comité chargé de la refonte de l'armée malienne. Le général français François Lecointre, chef de la mission EUTM, a confirmé qu’elle était en contact direct avec le chef d’état-major de l’armée malienne, le général Ibrahima Dembele et le ministre de la Défense, Yamoussa Camara. Le bourbier malien est avant tout politique.
Alix Prat pour 24heuresinfo

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