23 février 2013

Hissène Habré (1982-1990), jugé pour crimes contre l’humanité


Hissène Habré sera jugé pour ses crimes. Vingt-trois ans après sa chute et sa fuite  au Sénégal. Le tribunal spécial créé en décembre 2012 pour juger l'ancien dictateur tchadien a démarré ses activités le 8 février à Dakar, où le Sénégal a procédé  à l'inauguration des Chambres africaines extraordinaires destinées à juger l’ancien président tchadien Hissène Habré. Ce tribunal spécial de Dakar, qui découle d'un accord entre le gouvernement du Sénégal et l'Union africaine, sera composé de dix juges africains et de quatre juges d'instruction sénégalais. L'instruction va durer 15 mois et le procès s'ouvrira en 2014. Le tribunal spécial sera présidé par un magistrat africain dont la nationalité ne serait pas sénégalaise.

L’élection de Macky Sall à la présidence du Sénégal en avril 2012 et l’arrêt de la Cour internationale de Justice du 20 juillet 2012 ordonnant au Sénégal de poursuivre en justice « sans autre délai » ou d’extrader l’ancien dictateur du Tchad, ont permis la tenue de ce procès toujours différé. Des Chambres africaines extraordinaires ont été créées en vue de mener le procès au sein du système juridique sénégalais. Hissène Habré devra ainsi répondre des crimes internationaux commis au Tchad entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990. Nous allons démontrer que Habré dirigeait et contrôlait les forces de police qui ont tué ou torturé ceux qui s'opposaient à lui ou qui appartenaient simplement au mauvais groupe ethnique», a précisé Jacqueline Moudeïna, l'avocate des victimes et présidente de l’Association Tchadienne pour la Promotion des Droits de l' Homme (ATPDH). Sous le régime Habré, la DDS, sa police politique redoutée et impitoyable, a en efffet procédé a des milliers d’arrestations, des tortures et d'exécutions sommaires d’opposants et autres tchadiens. Selon l’Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH), fondée par une des victimes du dictateur Souleymane Guengueng, et qui ont porté plainte, Hissène Habré serait responsable d’un millier d'assassinats politiques.

Justice sera-t-elle enfin rendue aux milliers de victimes et leurs familles qui la réclament depuis des décennies ? La phase d'instruction conduite par quatre magistrats sénégalais doit durer 15 mois et devrait être suivie du procès en 2014.
Un procès à gros budget et à grand spectacle qui pourrait coûter une dizaine de milliards de francs CFA. Les financiers contributeurs sont nombreux : l'Union africaine, l'Union européenne, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg, la France, les Etats-Unis et le Sénégal, le Tchad...
Quelque 500 témoins pourraient être auditionnés, d'aucuns avancent le nombre de 1.875 jours soit 5 ans ou 60 mois pour la durée du procès.

De g. à dr. : Souleymane Guengueng, victime de torture du régime Habré. Reed Brody,
 découvre des documents de la police politique de Habré © Human Rights Watch.
Pour l'association de défense des droits de l'homme, Human Right Watch, qui travaille depuis 1999  avec les victimes de l’ancien dictateur du Tchad en exil,
"Habré est accusé de milliers d’assassinats politiques et de l’usage systématique de la torture lorsqu’il dirigeait le Tchad de 1982 à 1990. Habré est aussi recherché par la justice belge pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture."

La justice se penchera-t-elle sur la gestion des fonds que l'ancien président tchadien avait emporté avec lui dans sa fuite précipitée ? La lettre du continent dans son édition du 27 septembre 2012 avance le chiffre de 16 milliards de FCFA détournés, soit 24,4 millions d'euros...
Alix Prat pour 24heuresinfo

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